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Des garçons plongent, des chats gémissent, une vieille dame fume, des jeunes gens dansent, un gardien des morts soupire. Ils sont le peuple d’une ville fantôme : Beyrouth, qui n’existe plus qu’en rêve.
Beyrouth : les jeunes hommes qui sautent depuis les rochers, la corniche et la mer rassurante d’être toujours là, les camps palestiniens où les chats miaulent le malaise de l’enfermement, la plage populaire, la conduite au klaxon et les soirées festives où la jeunesse danse pour s’oublier. Cette Beyrouth d’après-guerre, existe-t-elle encore vraiment ? Ou ces images sont-elles les dernières traces qu’il est encore possible d’en retenir, tandis qu’elle est en cours d’effondrement ? Car si le cinéma retient l’inquiétante tristesse d’une ville toujours debout, malgré tout, ses habitants, eux, savent. Ils marchent dignement le jour, mais leurs nuits racontent la perte, l’engloutissement, la violence et la colère. Alors nul besoin de montrer le port de Beyrouth et ses alentours dévastés par l’explosion d’août 2020, ajoutant du chaos au chaos politique et économique dans lequel Beyrouth tentait encore de survivre ; nul besoin de rendre compte des manifestations et démonstrations de révolte et de désespoir qui parcourent la ville depuis 2019. Les rêves de chacun ne sont pas des désordres intérieurs et intimes, mais la souffrance commune à tous ceux qui sont aux prises avec Beyrouth vampirisée par la mort. Une souffrance qui se déverse, qui, du dehors, remplit les corps et les esprits, et déborde. N’est-ce pas cela qui affleure dans chaque plan, toujours fixe et intranquille ? N’est-ce pas ce qui sourd dans l’apparente banalité des scènes, teintées d’une discrète étrangeté ?
Catherine Bizern
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Publié le 10/03/2023
- CC BY NC ND 4.0