En ouverture d’une semaine de manifestations culturelles dans Paris sur la Syrie aujourd’hui, le Centre Pompidou et la Bpi organisent une rencontre publique pour dire et comprendre le cauchemar chaotique dans lequel est plongée la Syrie.
« Notre monde a abandonné la Syrie et son peuple à une horreur inimaginable », déclare Jean-Pierre Filiu, professeur en histoire du Moyen-Orient à Sciences-Po, en tête de son ouvrage Le Miroir de Damas. « Une horreur tellement inimaginable, continue-t-il, que cette atroce réalité est niée, ou au moins minorée ». Contre le déni, l’effacement ou l’oubli volontaire de ce pays et de son peuple que nous voyons souffrir sans fin dans les médias, meurtris par déjà plus sept ans de guerre et de répression, ce débat entend d’abord faire surgir des voix, des paroles, des regards : il s’agit d’évoquer la Syrie, son présent chaotique, d’en comprendre sa situation, de la réinscrire dans une longue histoire et surtout dans un monde contemporain dont elle est un des abymes. Un an après la chute d’Alep Est, quelques semaines après la prise de Raqqa aux combattants islamiques, comment peut-on même évoquer un avenir pour la Syrie ? Et comment font pour en parler ceux qui, historiens, écrivains, photographes ou cinéastes, tentent d’en rendre compte ?
Programme
Dans le cadre des “Débats au Centre”
Avec :
Jean-Pierre Filiu, professeur des universités en histoire du Moyen-Orient à Sciences Po (Paris), auteur du Miroir de Damas (La Découverte). Il anime également sur le site du quotidien Le Monde le blog « Un si Proche-Orient »
Muzzafar Salman, photographe. Né à Homs en 1976, engagé dans le mouvement révolutionnaire de mars 2011, il a couvert un temps le conflit guerrier depuis Alep comme photojournaliste. Emprisonné, il a fui en décembre 2012 pour le Liban, où il a travaillé pour l’agence Reuters, puis a gagné la France en juin 2014.
Nathalie Bontemps, écrivaine et traductrice de nombreux auteurs syriens. Elle a publié Gens de Damas.
Ossama Mohammad, écrivain et cinéaste. Il a réalisé en Syrie Pas à Pas (1978), Etoiles du jour (1988) et Le Coffre de la vie (2002). Inquiété par le régime, il est installé à Paris depuis 2011 et réalise en exil Eau argenté, Syrie autoportrait en 2014.
Animée par :
Nicolas Truong, journaliste au Monde
Cette rencontre ouvre le cycle “Syrie à la recherche d’un monde”, qui se déroule à Paris du 9 au 17 décembre, conçu et organisé par Catherine Coquio et Nisrine Al Zahre, avec la collaboration de Hala Alabdalla, Golan Haji et Hala Mohammad, et qui se poursuivra le 21 janvier 2018 au Centre Pompidou dans le cadre du festival Hors-Pistes.