Il a l’air d’avoir traversé l’Enfer, le visage défiguré et ravagé, il n’y a plus qu’à l’écouter. Et lorsque vous l’écoutez, vous vous demandez où il trouve la force de s’exprimer, la justesse. (Philippe Sollers)
Méditerranée
de Jean-Daniel Pollet
00h45min, France
« La rencontre fortuite sur une table de dissection d’une machine à coudre et d’un parapluie » était pour Lautréamont le principe même de la beauté poétique, celle qui met par exemple l’un en face de l’autre deux visages qui ne se connaissent pas. Jean-Daniel Pollet fait un cinéma entêtant en passant, comme par un claquement de doigts, d’une chose à une autre, sans autre nécessité que celle qui naît à l’instant. La table de dissection est d’ailleurs un invité très poli, je pèse mes mots, de Méditerranée. Il s’agit là bien sûr de ce qu’on appelle le montage (et non pas d’une table de montage), lequel associe deux choses – disait Robert Bresson – qui n’étaient pas destinées à l’être (des animistes de l’image animée parleraient volontiers dans ce cas d’accouplement). Il se passe alors un phénomène étrange dont seul le cinéma peut nous faire profiter. Le texte qui servait de main-courante (écrit par Philippe Sollers) se transforme petit à petit en température, en feuillage, en couleur, en vitesse et en sourire, si bien qu’on finit par oublier qu’on l’écoutait puisqu’il est devenu visible. Le récit s’est incarné dans un moment.
L'Ordre
de Jean-Daniel Pollet
00h44min, France, 1973
Il a l’air d’avoir traversé l’Enfer, le visage défiguré et ravagé, il n’y a plus qu’à l’écouter. Et lorsque vous l’écoutez, vous vous demandez où il trouve la force de s’exprimer, la justesse. (Philippe Sollers)