Tous les jeudis, à 18h, à l’intérieur même de l’espace d’exposition, les élèves comédiens du Conservatoire National supérieur d’Art dramatique (Classe de rhétorique de Robin Renucci) viennent interpréter, par des lectures, les textes du répertoire de Marguerite Duras.
Ces lectures seront suivies d’une soirée de clôture le lundi 12 janvier 2015.
Programme
Mon cours au conservatoire se dénomme : “Dire et lire et la prose et le vers”. J’ai choisi de sensibiliser mes élèves à la question des langages. C’est, en effet, le matériau premier de notre symbolicité. Je propose en ce sens un atelier hebdomadaire autour de la langue française en explorant les chantiers d’investigation que sont la syntaxe, la métrique, la phonétique, la symbolique… Détenir ces clefs permet pleinement d’éclairer toute phrase, sa construction et la pensée qu’elle sous-tend. Tout texte devient alors une partition que l’on peut déchiffrer, lire et dire en donnant à entendre la trajectoire de la pensée de l’auteur, parce que l’on saisit de l’intérieur, la façon dont elle est construite.
Qu’ils deviennent des goûteurs de la langue, dans une démarche d’adresse à l’autre et d’échange avec le public, en participant ainsi à la recherche d’un théâtre sans cesse en mouvement, vivant ; d’un théâtre d’aujourd’hui en désir de demain.
Dans son livre Le Jeu verbal, Michel Bernardy nomme avec justesse le processus de déchiffrage par l’acteur de la partition de l’auteur : « Faute de sentir que la langue est à la fois proche et distante, les jeunes acteurs brûlent généralement l’étape verbale, comme supposée connue, pour passer au stade téméraire de l’interprétation. Les mots ne leur semblent exister que pour être mémorisés au plus vite. Ils les consomment sans tenir compte de leur substance, de leur énergie, de leur action réciproque. Ils méconnaissent le maniement des phrases pour n’avoir pas envisagé l’énoncé dans sa forme et dans sa vibration. Or, l’incarnation du verbe par l’acteur est une opération privée qui sert de préalable à toute représentation théâtrale. Elle suppose un accord parfait entre un texte écrit et la personnalité physique de l’interprète avant la moindre intervention du metteur en scène. Tant que l’écriture n’a pas trouvé sa respiration exacte, sa pulsation cardiaque, aucun rendez-vous ne peut être donné au personnage… »
Nous travaillerons ce premier trimestre sur l’œuvre de Marguerite Duras. J’ai donc demandé à Evelyne Loew de construire un montage spécifique dans le cadre de cette passionnante exposition au Centre Pompidou.
Robin Renucci
« Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage » : de cette injonction de Boileau dans L’Art poétique passée dans le langage courant, Marguerite Duras est un lumineux et entraînant exemple.
Son écriture se construit inlassablement autour de figures d’enfance et d’adolescence vingt fois remises sur le métier. Recomposées, décomposées, filtrées, déplacées, revisitées, avec ou sans digressions, ré-agencées, revenant oeuvre après œuvre sous de nouvelles apparences. C’est une recherche stylistique toujours surprenante, c’est une recherche émotionnelle, au plus juste des émotions violentes, des émotions originelles, souvent indicibles, qui sous-tendent nos vies.
Avec les élèves du CNSAD dirigés par Robin Renucci nous suivrons son chemin d’écriture. Les comédiens liront des extraits d’écrits très divers de Marguerite Duras – écrits pour le théâtre et le cinéma, romans, interviewes, essais, articles – autour, pour chaque lecture, d’une des figures récurrentes de son œuvre. Un premier montage est consacré à La Mère, un second à L’Amant, un troisième à Anne-Marie Stretter, ou le ravissement. Un quatrième montage, d’une nature différente, porte sur ses engagements, Les Engagements d’un siècle.
La durée de chaque lecture est de quarante-cinq minutes.
Evelyne Loew
Distribution :
Le 4 décembre : « L’Amant »
avec Joseph Menez, Asja Nadjar, Maroussia Pourpoint, Alexiane Torres, Sélim Zahrani
Le 11 décembre: « le ravissement »
avec Jean Joude, Hugues Jourdain, Kenza Lagnaoui, Jean-Frédéric Lemoues, Léa Tissier
Le 18 décembre : « La scène, dirait l’acteur »
Montage/Adaptation : Sigrid Carré Lecoindre et Lena Paugam
Mise en voix : Lena Paugam
Composition musicale : Aurélien Dumont
avec James Borniche, Louise Chevillotte, Marceau Deschamps-Segura, Salomé Dienis-Meulien, Lucie Grunstein, Florent Hue, Roman Jean-Elie, Hugues Jourdain, Kenza Lagnaoui, Sipan Mouradian, Asja Nadjar, Isis Ravel, Morgane Real, Alexiane Torres, Selim Zahrani.
Le 8 janvier : « On entendrait : Détruire, dit-elle »
Montage/Adaptation : Sigrid Carré Lecoindre
Mise en voix : Lena Paugam
avec Théo Chedeville, Jean Chevalier, Manon Chrichen, Milena Csergo, Charlie Fabert, Maïa Foucault, Jean Joude, Pia Lagrange, Jean-Frédéric Lemoues, Joseph Menez, Solal Perret-Forte, Maroussia Pourpoint, Léa Tissier.