RENCONTRE AVEC FRANSSOU PRENANT
de
01h00min
Rencontre avec Franssou Prenant et quelques uns de ses acolytes- Jacques Kébadian, Stéphane Gérard, Christophe Clavert, et Saad Chakali – , animée par Christian Borghino, pour évoquer ses années de formation autour de ses deux premiers courts métrages.
Projection de Paradis perdu, Habibi.
HABIBI
de Prenant Franssou
00h35min, France, 1983, Langue : français
Un jeune homosexuel a un coup de foudre pour un ouvrier algérien dans un bistrot de travestis de Pigalle où il a ses habitudes.
Paradis perdu était le film des Gazolines, ces filles explosives qui ne manquent pas d’air en mettant les gaz. Le féminin, il n’apparaît jamais mieux en effet qu’avec l’exhibition de ses apparats et ses fétiches, éternel féminin réellement trans et travesti. Habibi est le film des garçons, celui des homos désœuvrés qui flashent (littéralement, c’est un coup de foudre) pour des ouvriers maghrébins de l’usine Talbot à Poissy, des pédés qui ne s’appelaient pas encore des gay. On y croise d’autres faunes, un travelo brésilien, l’ex-gazoline Paquita Paquin et le journaliste Michel Cressole. Si Habibi vient après Neige (1981) de Juliet Berto qui fraie dans des eaux voisines, et s’il est contemporain de L’Homme blessé (1983) de Patrice Chéreau, c’est en atténuant le pittoresque poétique du premier comme il se refuse au lyrisme homo, fébrile et désespéré du second.
Franz Biberkopf(Des nouvelles du front, https://nouvellesdufront.jimdofree.com/)
PARADIS PERDU
de Prenant Franssou
00h25min, France, 1975, Langue : français
Un riche tombe amoureux d’une travestie stripteaseuse et lui donne les moyens de réaliser ses désirs ; avec ses copines travesties également, elles inventent des histoires ; celle entamée avec le riche finit mal : elle retourne au trottoir (sans regrets). (F.P.)
La chanteuse Marie-France et la future journaliste Hélène Hazera sont les reines d’un cabaret sauvage où le féminin s’exhibe comme un montage hasardeux d’apparats. Loin de tuer tout érotisme, le kitsch constitue en soi une érotique qui fait la nique aux assignations sexuelles qui sont d’autres naturalisations. Issues du FHAR (le Front homosexuel d’action révolutionnaire) à l’initiative de Paquita Paquin et Maud Molyneux, elles se faisaient appeler en 1972 les « gazolines » et leur copine les filme avec la même fantaisie que le Douanier Rousseau peignait les animaux peuplant ses songes tropicaux. Les gazolines crient, surjouent, chantent en play-back et se prostituent. Elles font les folles en n’oubliant pas ce que racontait déjà Jean Genet dans le séminal Notre-Dame Des Fleurs (1942). Mi-végétales, mi-animales, elles brouillent les frontières de ce qu’on n’appelait pas encore ici le genre ou le queer en montrant avec un humour « camp » venu de l’underground US que le féminin est une parade, un exotisme aussi toc que le bric-à-brac colonial que charrie « Prière à Zumba » de Lucienne Delyle. Le « trouble dans le genre » est un charivari dans la jungle parisienne, travestissements et autres déguisements, des peaux de bête. Et les cuirs noirs des loulous qui bombent le torse et font des bras de fer dans les bars en sont d’autres.
Franz Biberkopf(Des nouvelles du front, https://nouvellesdufront.jimdofree.com/)