Le 4 avril 1944, un avion de reconnaissance américain prend une photographie du camp d’Auschwitz ; les analystes identifièrent les usines environnantes mais pas le camp de concentration et d’extermination. Montage et commentaire procèdent par rapprochements et associations, entrelacent polysémie des mots et des photographies, élaborant avec patience un possible « savoir voir ».
Programme
En présence de Christa Blümlinger (enseignante-chercheuse à l’Université Paris 8) et Raymond Bellour (chercheur et écrivain), échange modéré par Marcella Lista (Conservatrice en chef, collection Nouveaux Médias du Centre Pompidou)
Cette séance se relie à deux publications récentes : Harun Farocki. Du cinéma au musée de Christa Blümlinger (Éditions POL) et Harun Farocki, aux bords du documentaire. Contributions à Trafic (textes réunis par Raymond Bellour, Éditions POL) – présentation des ouvrages le vendredi 27 janvier à 18h à la Librairie du Centre Pompidou
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Dans le cadre du festival Hors pistes 2023 (20 janvier-6 février) : « Voir la guerre et faire la paix »
Il ne fait aucun doute que le cinéma peut et sait représenter la guerre, et sans doute cette dernière plus que la paix. Les films composant ces trois séances oscillent entre guerre et paix en prenant le parti des images tout en empruntant la voie d’une critique de celles-ci. Ils misent également sur l’anti-spectaculaire – ce spectaculaire et ses beautés suspectes qui ne cessent de peser sur les représentations guerrières.
Casque bleu et Un maire au Kosovo de Chris Marker se concentrent presque exclusivement sur la nudité et la frontalité du témoignage, de la parole après-coup pour « imager » l’expérience de la guerre. Du même Marker, Le 20 heures dans les camps entame un mouvement réflexif : dans le cadre d’un atelier, les pensionnaires d’un camp de réfugiés sont amenés à produire un journal télévisé. Ces « sujets de l’actualité » s’emparent des outils audiovisuels, formulent une représentation d’eux-mêmes émancipée des formes dominantes, échappent ainsi à l’assujettissement.
À partir d’une photographie du camp d’Auschwitz prise par un avion de reconnaissance américain, Harun Farocki compose avec Images du monde et inscription de la guerre un essai déterminant sur les conditions de la lisibilité des images. Critique et phénoménologie de l’image se situent aussi au cœur du film de remontage Atomopolis. Fabrique de l’utopie. Anna Onufriienko, Stanislav Menzelevskyi et Oleksandr Teliuk y envisagent les films soviétiques de propagande des années 1970 et 1980 faisant la promotion des villes nouvelles nées de la construction de centrales nucléaires en Ukraine. Deux mots reviennent sans cesse, résonnant tragiquement aujourd’hui : paix et harmonie.