Projection

L’Immeuble des braves + Ici je vais pas mourir

Appartient au cycle : Cinéma du Réel 2020

Image d'illustration
Droits réservés

Le 17/03/2019
à 16h15

Salle 300

Forum des Halles, 2 rue du Cinéma, Paris 1er

Voir sur une carte

Toutes les dates :

Le 17/03/2019 à 16:15

Ici je vais pas mourir

de Cécile Dumas, Edie Laconi
01h11min, France, 2019, Accessible aux francophones

Ici, c’est la « salle de consommation à moindre risque », la salle de shoot, qui a ouvert en octobre 2016 dans un bâtiment de l’hôpital Lariboisière, à Paris. C’est un lieu dont le film ne sort pas, sinon quelques secondes sur un bout de trottoir, aux portes du générique. Un plan ou deux suffisent à désigner l’extérieur, pour rappeler l’hostilité d’une partie des riverains – un panneau « Non à la salle de shoot », entr’aperçu, ficelé à une fenêtre. Et c’est à ces riverains qu’il faudrait montrer Ici je vais pas mou­rir en premier lieu, les guérir de leur peur par la fraternité doucement dessinée par le film, leur donner sur­tout à entendre cet usager aux yeux embués par la fatigue et qui explique, simplement: « Nous-mêmes on fait du mal à nous, on va pas faire du mal à quelqu’un ». Le lieu est blanc hor­mis quelques meubles fonctionnels, et sa neutralité un peu aveuglante est presque pour le film celle d’un white cube, un lieu effacé pour en laisser voir un autre, sans contours et bâti seulement par les mots auxquels Cécile Dumas et Edie Laconi donnent libre cours: celui de la défonce comme maison, comme pays, de ceux qui sont à la rue et à qui la salle offre repos, soins et considé­ration. Le minuscule port d’attache de la salle de shoot devient ainsi pour le spectateur une précieuse salle d’écoute, pour comprendre que ce pays lointain où se sont perdus Bilal, Janusz ou Hervé, ne lui a en vérité pas grand-chose d’étranger. 
–Jérôme Momcilovic

L'Immeuble des braves

de Bojina Panayotova
00h22min, France, 2019, Accessible aux francophones, English-speaker friendly

« À Sofia, les habitants d’un immeuble mythique avaient été expulsés. Je venais y faire des repé­rages pour un film ». Ce qui rend cet immeuble bulgare mythique, pour­quoi ses habitants en ont été expulsés, et comment un travail de repérage est devenu un film, nous l’apprendrons, après ce bref carton introductif, comme Bojina Panayo­tova semble l’avoir vécu : à la manière d’un emballement soudain qui fait basculer le réel dans l’irréel plein d’action d’un thriller paranoïaque. Il suffit d’un coup de fil à un homme rencontré au préalable : « occupé à sauver le monde à sa manière » en ramassant des escargots sur la barrière d’une bouche de métro, il se présente trois petites minutes plus tard devant l’immeuble pour jeter des bouts de saucisse par les fenêtres de l’immeuble condamné en criant les noms d’un chat et de deux chiens semble-t-il prisonniers de l’habita­tion délabrée. Mais bientôt le gardien de l’immeuble se gare, interdit l’en­trée et la caméra, menace de casser la gueule d’Ivan dont Panayotova suit les pérégrinations affolées dans le quartier, invectivant voisins à leur fenêtre, commerçants dans leurs boutiques ou chauffeurs de bus au volant. Qu’est-il advenu des chiens ? Ces « chers communistes », le chenil Éco-équilibre, quelque mafia arabe ou une « sauvagerie bulgare sans limites » seront les suspects provi­soires de ce documentaire rocambo­lesque, lancé dans une fuite en avant dont la mécanique digressive l’appa­rente aux meilleures fictions. 
–Antoine Thirion

Publié le 03/06/2020 - CC BY-SA 4.0