Entretien avec Johan van der Keuken
Le critique, journaliste et scénariste de cinéma Jan Blokker interroge le jeune Van der Keuken pour l’émission télévisée “Filmvenster”. Le réalisateur affirme notamment que, pour lui, le cinéma ne peut exister tout seul et doit refléter ce qui passe dans la société.
L’enfant aveugle 1 (Blind kind)
« J’étais venu à ce sujet par un bouquin publié par l’institution des aveugles où l’on décrivait la façon dont l’enfant aveugle se forme une réalité, une image du monde et – ce qui était assez impressionnant et même assez inimaginable – la façon dont il doit conquérir le monde à partir d’une position foncièrement égocentrique […] Seul le touche ce que son corps peut toucher. Sur le plan pratique l’aveugle doit vivre dans un monde qu’il n’a pas collaboré à faire : un monde d’obstacles contre lesquels il se heurte, d’indications et de mouvements qu’il ne peut suivre, de signaux qui ne l’atteignent pas. Cette tension se nourrit d’un sentiment de dépendance et de pitié, que les gens obligeants peuvent suçoter comme un bonbon acidulé en guise de récompense. Cette pitié, les aveugles l’ont en sainte aversion. » (Johan Van der Keuken)
Herman Stobbe – L’enfant aveugle 2 – (Herman Slobbe – blind kind 2
« Pour en revenir à mes deux films sur les enfants aveugles, le premier permettait de dégager quelques principes généraux et j’avais le sentiment qu’il faudrait un jour faire quelque chose de plus axé sur un personnage. Car les aveugles n’existent pas seulement en groupes, ils existent aussi en tant qu’individus, comparables à chacun d’entre nous. Ce cheminement vers des préoccupations sociales a dû se retrouver dans le second film, intitulé cette fois d’un nom propre “Herman Slobbe, l’enfant aveugle 2” : un garçon au moment de la puberté, qui doit se débattre avec son environnement pour se frayer un chemin, se faire une position, se créer un monde, pas seulement du point de vue de la perception, mais aussi du point de vue social. » (Johan van der Keuken)
Programme
Projection des films de Johan van der Keuken :
Entretien avec Johan van der Keuken, 1965, 5′
L’enfant aveugle 1, 1964, 24′
Herman Slobbe, L’enfant aveugle 2, 1966, 28′
Lors de la séance du 3 février à 17h, la projection sera précédée d’une présentation des films par Julie Bertuccelli, cinéaste et présidente de la SCAM.